La Vie, pierre angulaire du Pays de Saint Gilles

Souvent introduite comme une rivière, La Vie est bel et bien un fleuve côtier puisqu’il se jette dans la mer au Pays de Saint Gilles. Long de 62,3 km, La Vie trouve sa source au sud de la commune de Bellevigny, traverse le nord-ouest de la Vendée pour finir son périple dans l’océan à Saint Gilles Croix de Vie.

La Vie source d’histoire(s)

Saint gilles croix de vie : deux rives unie par le fleuve de la vie

À l’antiquité, Saint Gilles connaît un engouement aux affaires maritimes de part ses prédispositions naturelles. À cette période, la ville sera considérée comme une place de commerce maritime.

À l’époque Gallo-romaine, les légions de l’empereur Jules César porteront eux aussi un regard intéressé sur le fleuve, notamment pour la récolte du sel dans les marais salants. Une voie romaine sera d’ailleurs aménagée le long de La Vie, partant des Lucs-sur-Boulogne jusqu’à Saint Gilles Croix de Vie.

La Vie connaîtra son apogée en tant que voie commerçante au XVIII siècle, période où Saint-Gilles-sur-Vie était le port exportateur du Bas Poitou. Principal chemin d’accès du bocage, le fleuve était alors sujet à un défilé quotidien de petits navires qui transportaient, du bocage au port de Saint-Gilles-sur-Vie, d’importantes marchandises : sel, céréales, vin et bétail.

Son nom « Vie » serait dérivé du mot latin « Via » qui veut dire voie (dans le sens de rivière navigable).

À la fin du XVI siècle, devant l’accroissement de la population et le flux commercial important du port naturel du « Havre de Vie », bien ancré sur les bords de l’estuaire, les sires de Montausier concèdent de petites parcelles sur la rive droite (Croix-de-Vie) aux marins et aux sauniers en quête de logements.

La Vie, une frontière naturelle d’un ancien temps

Durant la révolution, l’estuaire de la Vie fut une frontière entre deux camps opposés : Les républicains (notables et commerçants de St Gilles) et les fidèles au roi (marins pêcheurs et sauniers de Croix de Vie)

Avant la construction du premier pont en 1836, les deux rives étaient reliées par un gué et des barques.

Il faudra attendre l’unification des deux communes en 1967 pour que le pont fraîchement nommé Pont de La Concorde matérialise l’accalmie des confits entre les deux rives.

La Vie n’est plus perçue comme une frontière naturelle. Le pont en a fait un trait d’union.

Les marais salants

Au Pays de Saint Gilles l’activité saline est très ancienne. Des fouilles archéologiques menées à Brétignolles sur Mer datent les premières exploitations de sel à l’époque Gauloise. Pour le bassin de la Vie, les marais seront mentionnés dès 634, cependant les premières salines seront construites au 7^e siècle, à l’initiative des seigneurs et du clergé.

Après une hausse de la demande en sel, liée à l’accroissement de la population et à l’émergence des pays du nord (dont l’économie se concentre principalement sur l’activité de pêche), l’activité salicole connaîtra son âge d’or à partir du 15^e jusqu’au 18^e siècle.

En 1850, la révolution industrielle et l’arrivée de la conservation par le froid conduiront progressivement les salines du bassin de la Vie au déclin. Les progrès techniques favoriseront l’essor de salines plus importantes dans le sud de la France. A Saint Hilaire de Riez, le dernier saunier exploitera son marais jusqu’en 1975.

Le rouleau d’Apremont

Si le fleuve favorise rapidement l’essor de Saint Gilles, il participe aussi au développement de l’arrière-pays, où le long des rives, apparaissent au fil des années, clochers, villages et grandes propriétés.

Au XV^e siècle, le propriétaire du château d’Apremont, Philippe Chabot de Brillon (1492-1543) souhaite entreprendre des travaux d’aménagement de la Vie, intimement persuadé que des navires peuvent transiter des denrées d’Apremont jusqu’à Croix de Vie.

Pour aiguillonner ce grand projet commercial, le seigneur d’Apremont commande auprès de l’architecte florentin, Jehan Baptiste le Florentin, la réalisation d’une carte détaillée du fleuve et de ses environs.

De grande dimension (5,17m de long sur 29cm de large), la carte renseigne la position des clochers, des paroisses, des propriétés de puissantes familles locales et des moulins à eau et à vent qui peuplent les rives du fleuve.

Si le projet ne voit jamais le jour, la carte elle, subsiste toujours. Elle est conservée à la Bibliothèque Nationale de Paris. Quelques copies existent, dont une, exposée au sein de la Maison du Pêcheur à Saint Gilles Croix de Vie.

La Vie : qu’en est-il aujourd’hui ?

Si le rôle économique du fleuve a évolué, La Vie occupe encore aujourd’hui un rôle de premier ordre dans la préservation de l’équilibre et de la biodiversité dans les zones humides. Sa présence permet le maintien d’une activité ancestrale : l’activité salicole.

A la rencontre des sauniers de Saint Hilaire de Riez

Au milieu des années 1990, pour relancer l’activité et valoriser l’histoire locale, l’association Nature et Culture et la commune de Saint Hilaire de Riez décident de réhabiliter une partie des marais. C’est ainsi que les Marais de la Vie (propriété communale) offriront une seconde vie à l’activité salicole à Saint Hilaire de Riez.

Grâce à la remise en état progressive des marais salants, deux sauniers indépendants s’installeront pour exploiter leurs propres marais salants :

• En 1999 : Anthony Auger – Marais salants de l’étoile
• En 2019 : Alexis Gautier – Les Marais de Predevie

Les sauniers de Saint Hilaire de Riez perpétuent un savoir-faire millénaire, en travaillant presque exclusivement à l’aide des outils et des techniques d’exploitation d’antan.

Découvrir la vie, lors d’une balade au fil de l’eau

Une balade sur la Vie c’est l’occasion d’aller à la rencontre des différents paysages que compte le fleuve, par le biais notamment de visites guidées au coeur des ports de Saint Gilles Croix de Vie et aux abords des marais de Saint Hilaire de Riez.

Peut-être aurez-vous le plaisir de croiser sur votre chemin, la faune locale qui anime les lieux… Aigrettes, hérons, busards, cormorans.